
Post-partum : comment retrouver son équilibre après l'accouchement ?
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On parle beaucoup de la grossesse et de l'accouchement mais un peu moins de la période qui suit la naissance. Comme si, une fois bébé arrivé, tout était réglé. En réalité, c'est souvent là que commence le vrai défi : le post-partum. Une période charnière, parfois surnommée "le quatrième trimestre", où le corps se remet doucement, où les émotions jouent aux montagnes russes et où il faut trouver un nouvel équilibre avec ce petit être qui bouleverse tout. Bref, un sujet trop longtemps passé sous silence alors qu'il mérite toute notre attention. Découvrez dans ce nouvel article quelques pistes pour l'appréhender sereinement.
Sommaire
Sur le plan médical, on définit le post-partum comme la phase qui commence juste après l'accouchement, au moment de la délivrance du placenta et qui se termine au retour de couches (c'est-à-dire à la reprise des règles et des cycles menstruels). Selon cette définition stricte, il durerait environ six à huit semaines, sauf si vous allaitez bébé. En effet dans ce cas, les règles peuvent mettre plus de temps à revenir.
Cependant dans la vraie vie, les choses sont bien différentes. Le post-partum ne se résume pas à un agenda biologique : c'est aussi un temps d'adaptation, de bouleversements et de reconstruction. Beaucoup de professionnels de santé parlent aujourd'hui d'un processus qui s'étend bien au-delà de six semaines. La sage-femme Ana Roy va jusqu'à dire que "le post-partum dure trois ans". Elle y a même consacré un ouvrage qui a fait bouger les lignes sur le sujet. Ainsi, trois ans c'est le temps nécessaire pour apprivoiser son rôle de parent, réapprendre à vivre avec un nouveau rythme et retrouver un équilibre. Tout cela prend du temps et c'est normal.
Aucun post-partum physique ne se ressemble. Certaines femmes récupèrent très vite, tandis que d'autres ont besoin de plus de temps. La plupart peuvent néanmoins rencontrer quelques désagréments : tranchées (contractions utérines douloureuses), lochies abondantes, œdème de la vulve, hématomes, hémorroïdes, cicatrices liées à une césarienne, une déchirure ou une épisiotomie, incontinence, douleurs aux seins (montée de lait les premiers jours, mise en place de l'allaitement...) ou encore douleurs au dos.
Mais rassurez-vous : chaque femme expérimente seulement une partie de ces maux, rarement tous en même temps. Certaines peuvent aussi ne rien ressentir de tout cela.
En moyenne, il faut compter 10 à 15 jours pour commencer à se sentir mieux physiquement.
Si vous souffrez, n'hésitez pas à en parler avec une sage-femme : il est important de ne pas rester avec des douleurs. Certains points peuvent avoir été mal posés et des solutions existent pour améliorer votre confort. Le froid peut également apporter un vrai soulagement, tout comme les anti-douleurs. Et pour s'asseoir plus facilement, une bouée ou un coussin spécifique (prescrit par un médecin) peuvent vous aider à vous sentir mieux.
À tout cela s'ajoutent aussi les importants changements hormonaux. En effet, la chute brutale des hormones de la grossesse peut provoquer des sueurs nocturnes, une perte de cheveux, une fragilité de la peau et surtout, une grande sensibilité émotionnelle.
Pendant le post-partum, il est tout à fait possible de passer du rire aux larmes dans la même heure ! En effet, après l'accouchement, les émotions sont décuplées. Beaucoup de jeunes mamans vivent le fameux baby blues : un état passager qui survient deux ou trois jours après la naissance. Au programme : hypersensibilité, irritabilité, anxiété, sentiment de ne pas être à la hauteur. Cela touche la grande majorité des mamans et disparaît en une dizaine de jours.
En revanche, si ces symptômes persistent ou s'aggravent, il peut s'agir d'une dépression post-partum . Cette pathologie touche environ 15 % des femmes et se manifeste par une tristesse profonde, un désintérêt pour les activités habituelles, des difficultés à créer du lien avec son bébé ou des pensées culpabilisantes. Dans ces cas-là, demander de l'aide n'est pas une faiblesse, c'est une nécessité. Un accompagnement médical et psychologique peut vraiment changer la donne. Alors, ne restez pas seule avec votre mal-être et trouvez un professionnel de confiance avec qui en parler.
Après la naissance, bébé aussi vit une grande transition. C'est pour cette raison que ses premiers jours et premières semaines sont souvent déroutants : ses pleurs, son sommeil haché, ses besoins constants peuvent sembler difficiles à comprendre au début. C'est tout à fait normal : il faut du temps pour apprendre à se connaître et à s’apprivoiser mutuellement.
Le post-partum est aussi un temps d'adaptation pour vous et votre bébé. Décoder ses pleurs, comprendre son rythme, trouver comment l'apaiser, instaurer de nouvelles habitudes… tout cela se construit progressivement. Le peau à peau, le portage, les câlins et la proximité sont de précieux alliés pour créer du lien. Masser bébé peut aussi être une bonne idée.
Rappelez-vous qu’il n'y a pas de mode d'emploi universel : chaque bébé a sa propre personnalité, chaque parent sa manière de faire. L'essentiel est de prendre son temps, de se découvrir pas à pas et d'accepter que la relation se tisse jour après jour.
Pour certaines femmes, le post-partum s'accompagne aussi d'une hypervigilance maternelle : une attention permanente portée au bébé, la peur qu'il ne cesse de respirer, la vérification constante qu'il va bien. Si cette vigilance devient envahissante, elle peut mener à un épuisement profond. Il ne faut pas hésiter à en parler avec le co-parent par exemple afin de trouver du temps pour se reposer pleinement et s'apaiser.
Les phobies d'impulsion peuvent aussi s'inviter dans votre quotidien. Concrètement, elles se traduisent par des pensées intrusives et effrayantes (par exemple, l'idée de faire du mal à son bébé). Ces pensées ne reflètent pas un désir réel car il n'y a pas de passage à l'acte mais elles peuvent être extrêmement culpabilisantes et angoissantes. Là encore, en parler à un proche ou un professionnel de santé est essentiel. Cela vous permettra d'être rassurée et de comprendre qu'il s'agit simplement de pensées intrusives.
La relation de couple est mise à rude épreuve pendant le post-partum : arrivée de bébé, manque de sommeil, nouvelles responsabilités… Autant de défis qui demandent beaucoup de patience et de communication pour éviter la fameux baby-clash. Là encore, savoir demander de l'aide, confier bébé à un proche pour souffler ou prendre du temps à deux peut faire une réelle différence.
Le retour à la sexualité après un accouchement est aussi souvent source de questions. La fatigue, les douleurs, la baisse de libido ou encore l’image de son corps peuvent compliquer cette reprise. Ce n'est pas une course : chaque couple retrouve son intimité à son rythme. L'important est de communiquer avec son ou sa partenaire, de verbaliser ses besoins, ses envies ou ses appréhensions. Et il est tout à fait normal que la reprise de votre sexualité soit la dernière de vos préoccupations pendant plusieurs mois.
la marque en moins, l'info en plus : après votre accouchement, une sage-femme peut se déplacer à votre domicile 24 à 48 heures après votre sortie pour un suivi complet. Elle vérifiera votre utérus, les saignements, la cicatrice, vos seins ainsi que le poids et la santé de bébé. Elle pourra également répondre à vos questions sur l'allaitement, vos émotions ou tout autre ressenti. Plusieurs visites sont possibles, selon vos besoins. Ces visites sont prises en charge pendant les 12 jours suivant l'accouchement, puis restent remboursées comme chez le médecin (70 % sécurité sociale, 30 % mutuelle ou à votre charge si pas de mutuelle).
Anticiper au maximum cette période peut aider à la traverser plus sereinement. On ne peut jamais prévoir exactement comment on vivra son post-partum mais il est possible de s'organiser en amont pour alléger sa charge mentale après la naissance de bébé :
Le rôle de l'entourage est vraiment essentiel pendant le post-partum. Celui du co-parent bien sûr mais aussi celui de la famille, des amis ou même des voisins… toutes les personnes de confiance peuvent faire une énorme différence. Mais aider ne veut pas dire juger : il s’agit d'être présent, d'écouter sans minimiser et de proposer une aide concrète.
Quelques idées pour s'organiser :
Préparer des repas, faire les courses ou gérer la logistique.
Prendre le relais pour que la maman puisse dormir ou se détendre.
Poser la question simple mais précieuse : " Tu veux que je fasse quelque chose pour toi ? " plutôt que de banaliser la fatigue avec "Profite, ça passe vite ! ".
Votre village de soutien peut aussi inclure des professionnels et associations : sage-femme, pédiatre, psychologue, consultante en lactation certifiée IBCLC et associations comme MamaBlues ou la Leache League.
Accepter que tout ne soit pas parfait, lâcher prise sur le ménage ou les obligations sociales peut considérablement soulager le quotidien. Il n'est pas nécessaire de tout faire soi-même : déléguer, même un peu, fait partie du post-partum. Pensez aussi aux petits trucs en plus qui peuvent vous faciliter la vie pendant cette période : un abonnement couches, la livraison de courses à domicile ou encore quelques heures de ménages prises en charge par un prestataire.
la marque en moins, l'info en plus : alléger sa charge mentale, c'est aussi accepter que notre cerveau ne soit pas toujours aussi disponible qu'avant. En effet, beaucoup de jeunes mamans connaissent le mommy brain (appelé aussi baby brain), cette sensation d'être un peu dans le brouillard, d'être plus distraite qu'avant ou d'avoir du mal à se concentrer. Rien d'inquiétant : entre les nuits hachées, les hormones et les milliers de nouvelles informations à gérer, le cerveau fait déjà un énorme travail. Se déculpabiliser et s'autoriser à en faire moins reste le meilleur moyen de retrouver un peu de sérénité. N'hésitez pas à faire le plein d'acides gras oméga 3 (notamment le DHA) pour aider votre cerveau à fonctionner normalement.
Pendant le post-partum, n'oubliez pas de prendre du temps pour vous. Même dix minutes de pause, une douche chaude ou une petite sortie peuvent recharger vos batteries. Accepter de ralentir, faire du peau à peau avec bébé, se promener, se détendre, voir des amis… tout cela est nécessaire à votre bien-être. Prendre soin de soi n'est pas un luxe, c'est une nécessité pour pouvoir s'occuper de bébé sereinement.
L'alimentation joue aussi un rôle clé pour la récupération physique et mentale après un accouchement. Privilégiez avant tout :
N'hésitez pas à miser sur une alimentation saine, riche en fruits, légumes, oléagineux et à limiter les produits transformés tout en continuant à vous faire plaisir avec des plats réconfortants.
Lire, écouter des podcasts, suivre des ateliers ou échanger avec d'autres parents permet de se sentir moins seule et mieux préparée. Les associations et groupes de soutien sont aussi des ressources précieuses pour poser ses questions et partager ses expériences.
la marque en moins, le conseil en plus : notre sélection de livres coup de cœur sur le post partum - La vie rêvée du post-partum, Année Zéro" ainsi que Le Post Partum dure 3 ans d'Anna Roy, Ceci est notre post-partum d'Illana Weizman, Mon post-partum serein et gourmand d'Elise Destannes et Pimpe ton post-partum d'Agathe Verhack et Justine Legname.
Il est normal de pleurer, de s'inquiéter ou de se sentir dépassée, sans que cela soit synonyme de dépression. L'important est de se faire confiance et de s'autoriser à vivre cette période à son rythme, au ralenti, avec bienveillance envers soi-même.
Le post-partum n'est pas qu'une parenthèse médicale de six semaines : c'est une étape fondatrice, à la fois exigeante et pleine de transformations. Le corps se remet, le cœur s'élargit, l'équilibre familial se redessine. Il y a bien sûr beaucoup de joies, d'amour mais aussi des fragilités qu'il est important de reconnaître sans tabou.
En parler, s'entourer, demander de l'aide et accepter que tout prenne du temps vous aidera à traverser votre post-partum en douceur.
Crédit photo © https://www.aliceliloue.com/